Cette année consacrée à La phobie et les paniques aujourd'hui aura été assombrie par la perte de Claude Léger, président du collège de clinique psychanalytique de Paris. Sa présence depuis la fondation de nos collèges cliniques a toujours été un soutien sans faille à nos enseignements. C’est ainsi que sa participation à la Journée Nationale à Marseille ainsi qu’à la fabrication de ce volume a été décisive. Nous nous souviendrons de l’étendue et surtout de la finesse de sa culture comme de son humour dont Lacan a souligné que les sociétés analytiques manquaient... en 1956.
Le volume qui fait trace d’une année d’enseignement doit dire ce qu’une année nous a appris. Cette année fut fort riche. Les points qui seront développés et qui ne posent pas problème, je veux dire qui « supportent » un accord de tous les intervenants, tournent autour de la phobie comme parade à l’angoisse, jusqu’à Jacques Tréhot qui considère que phobie et paniques sont les cache sexes de l’angoisse.
Faut-il considérer comme acquis que la phobie soit infantile et transitoire « par définition » comme le dit Sol Aparicio ? Son intervention mettra pourtant en débat ce consensus, semble-t-il partagé, puisque la phobie et plus précisément l’agoraphobie peuvent persister chez l’adulte.
Ensuite les singularités cliniques évoquent la grande variété des modalités sous lesquelles se fait jour cette curieuse parade à l’angoisse.
Muriel Mosconi nous rappelle qu’elle commence avec la trace du cheval peint sur la paroi de la grotte Chauvet qui sert d’illustration à ce volume. Il donne toute sa valeur à la dimension proprement mythique du cheval auquel nous nous référons depuis Freud, s’agissant de phobie, le cheval du petit Hans, figure de terreur mais aussi d’idéal : n’est-ce pas le meilleur ami de l’homme ? Parfois redoutable aussi, sous ses deux formes, à la fois totem et tabou. Le cheval, on le retrouve avec l’autre mythe fondateur de la psychanalyse, celui d’Œdipe, marqué au fer rouge du cheval de Hans. Et puis il y a, oh combien fréquente, la peur de la nuit, encore faut-il en détailler les occurrences : ce que fait brillamment Marie-José Latour.
La clinique offre bien des exemples et pose notamment la question de la phobie dans la psychose et, surprise, la phobie se révèle dans ce cas aussi une parade face à l’angoisse, face au vide. Martine Menès le montre bien et poursuit avec le problème du statut du symptôme phobique comme un moment de la névrose infantile. La clinique c’est aussi le détail du cas où se vérifie le signifiant à tout faire de la phobie (Claudine Beaussier).
Isabelle Puig fait une lecture détaillée de la phobie et de la castration chez Freud et chez Lacan. Bernard Trotereau développe le rapport entre symptôme (phobique) et fantasme.
La question est insistante de la relation de la phobie et du signifiant père dont en somme un signifiant à tout faire pourrait permettre de faire l’économie. Par exemple Albert Nguyên pour qui la phobie prendrait à rebours la fin de l’analyse, carrefour pour l’analyste et pas seulement pour l’analysant et, de là, montre comment l’analyste peut affronter la phobie et cette douleur d’exister que celle-ci ne parvient pas toujours à masquer.
Marc Strauss envisage la phobie aussi bien à l’entrée dans le champ du désir qu’à la fin de l’analyse. Et Anne-Sophie Maillard, à propos d’un cas de psychose infantile particulièrement débridé et violent, évoque cette fois panique et angoisse du côté de l’analyste.
Jean-Claude Coste pour sa part met en question la frontière que la phobie n’établirait pas de façon nette entre psychose et névrose. C’est dans ce registre aussi que j’ai apporté ma pierre à propos de la curieuse mise en perspective de la phobie avec la perversion dès l’annonce par Lacan de son séminaire consacré à Hans.
Et la clinique c’est aussi pouvoir relire attentivement les cas de la littérature, et en premier lieu le petit Hans, le cas de Freud, qui sert de guide à tous les psychanalystes, et bien entendu à Lacan. Et Freud d’abord sur lequel revient Bernard Lapinalie. Mais il y a d’autres cas de la littérature, ce que montre avec brio Bernard Nominé non sans avoir auparavant éclairci quelque peu ce que la panique doit à la perte de l’autorité.
Roger Mérian met aussi l’accent sur la panique et revient sur les insuffisances des traitements habituellement proposés aux victimes de panique. Ce thème est également abordé par Stéphanie Gilet-Le Bon qui rappelle comment la théorie freudienne s’oppose à la victimologie parce qu’elle donne sa place à la réponse obligée du sujet face à tout traumatisme. Dominique Fingermann montre comment, dans le modèle psychiatrique du DSM, phobie et paniquepersistent mais effacent l’angoisse. Pourtant ces trois termes forment une ronde dont les éléments sont indissociables. Et l’on peut, avec Nadine Cordova-Naïtali, y ajouter la peur, avec la tentative de repérer un temps logique, entre panique, peur, angoisse et phobie.
Frédéric Pellion rectifie ce qu’il faut entendre par ambivalence entre suspens et division et Jean-Pierre Leblanc fait du trou dans la « compréhension » un motif de la panique, et de la solution phobique une forme de nomination.
Enfin je voudrais souligner le « Florilège de références ». Il constitue un corpus très précieux pour tous ceux qui souhaitent en savoir un peu plus…
« Parce que c’était lui, parce que c’était moi », la fameuse formule de Montaigne ne se trouve pas dans les premières éditions des Essais. Sur son propre exemplaire Montaigne, en marge, note dans un premier temps : « Parce que c’était lui », puis dans un second temps : « Parce que c’était moi. »
La dialectique, en somme, de la reconnaissance identitaire qui lie le « patron [1]» et la « figure », pour reprendre les termes de Montaigne, passe par les signifiants de l’Autre pour en venir aux signifiants qui me représentent.
« Si c’est un homme », dirait Primo Levi, un homme en qui j’ai foi, la fides latine, alors je peux l’être et aménager l’angoisse de ne pas l’être. Ce qui soutient l’identifiocation dernière, c’est l’identification phallique.
Pourtant, au-delà de tout ce qu’il peut en dire, Montaigne doit faire appel à une « force inexplicable et fatale » pour expliquer cette union.
La psychanalyse a montré que le choix du partenaire reste électif et doit porter les traits distinctifs venus de l’inconscient du sujet, comme l’illustre, par exemple, L’Homme aux loups.
Au-delà des attributs dont le sujet se pare et qui définissent son identité, peut-il répondre au : « Qui suis-je ? ». Autrement dit, où se niche l’être dans le sujet que je suis ? D’Aristote à Heidegger, c’est une interrogation insistante pour le philosophe. Tout autant pour le névrosé, qu’il soit cigale ou fourmi, car s’il « a besoin de persona, c’est que derrière, peut-être, toute forme se dérobe et s’évanouit [2] ».
La névrose est d’abord une question, « une question que l’être pose pour le sujet », « de là où il était avant que le sujet vint au monde [3] ». Encore faut-il reconnaître d’où et pour qui le sujet pose sa question. Il n’y a d’identité que dans un lien à l’Autre. L’hystérie et l’obsession sont des choix différents, des stratégies différentes. L’hystérique est prêteuse : elle s’acoquine à un Autre affecté d’un manque, voire un Autre qui manque. S’identifiant au manque dans l’Autre, elle s’affaire à le combler, soutenant jalousement un Autre qui désire. L’obsessionnel n’est pas prêteur. Il veut un Autre constipé de pensées qui le tiennent éloigné du désir. Il s’emploie à annuler le désir de l’Autre – ce qui est une façon, certes singulière, mais une façon quand même, de le soutenir – tant du côté du partenaire que de l’Autre qu’il est lui-même comme inconscient. Comme le dit Lacan : « les identifications s’y déterminent du désir sans satisfaire la pulsion [4]. » Quant au sujet psychotique (la mante religieuse mâle?), il rencontre un Autre qui se présente plutôt sous le mode de la volonté que du désir, d’un idéal du moi qui ne passe ni par l’inconscient ni par l’Autre barré.
Qui est cet Autre à la fontaine de laquelle le névrosé s’abreuve? Celui qui est en relation avec le manque-à-être du sujet lui-même. C’est ce qu’il ignore, et chez l’Autre dont le désir est symbolisé, il ira quêter l’objet dont rend compte sa jouissance dans le symptôme.
La cure analytique pourra le conduire à se servir du symptôme de fin d’analyse comme support d’identification à la condition de s’y reconnaître, de savoir pourquoi, de savoir y faire avec, tout en gardant une sorte de distance, non plus comme quelque chose qui se met en croix devant lui, mais comme une fonction nouant corps, inconscient et jouissance.
Notes
L’Inconscient, découverte de Sigmund Freud encore neurologue, est historiquement lié aux patientes de Charcot à la Salpêtrière. À la différence des paralysés organiques, les symptômes ne correspondaient pas à la trajectoire anatomique des nerfs moteurs. Ces conversions hystériques demeuraient résistantes aux traitements médicaux alors en usage. Le sujet dans sa chair objectait au savoir médical.
Avec Les mémoires d’un névropathe de Schreber, les phénomènes corporels témoignent de l’intensité de la thématique transsexuelle. Le concept de pulsion avancé par Freud désignera cette articulation de la psyché au corps vivant ; pulsion qui ne travaille pas que pour la vie... S’appuyant notamment sur la destruction des corps pendant la Première Guerre mondiale, il avance en 1923 dans Au-delà du principe de plaisir, le concept de pulsion de mort, que certains de ses élèves refusent. Mélanie Klein et Jacques Lacan le défendront, s’opposant ainsi à l’egopsychologie.
Avec la description du « stade du miroir [1] » Jacques Lacan appréhendera, dès 1936, la question du corps. Distinguant le registre symbolique, ordonnant l’imaginaire, il en arrive à un quadrillage du corps par le signifiant. Ainsi, la conversion hystérique est atteinte symbolique ; l’hypocondrie, lésion imaginaire ; le psychosomatique une écriture dans le réel du corps.
En s’appuyant sur la pulsion et son circuit, Lacan rend compte de la vie amoureuse et sexuelle. Or, tout n’est pas mortifié par le signifiant, il y a un reste, non spécularisable – l’angoisse signant sa présence –, l’objet a dont la pulsion fait le tour. Objet a hors-corps, produit d’une coupure devenant l’étoffe du sujet : « Ce qu’il y a sous l’habit et que nous appelons le corps, ce n’est peut-être que ce reste que j’appelle l’objet a [2] », soutient-il au début du séminaire Encore.
Dans son texte « Radiophonie » (1970), Lacan nous indique « que l’Autre, le corps du symbolique fait le corps de s’y incorporer [3] ». Cependant, le vivant ne suffit pas à faire un corps, pour qu’il le devienne il faut l’introduction du signifiant. Le langage est un corps qui donne corps : ainsi l’animal est un corps ; l’homme, lui, a un corps, et il parle avec son corps. Depuis le stade du miroir, Lacan va donner toute son importance à l’Imaginaire qui habille le corps, jusqu’au mystère du corps parlant [4].
De la qualité et des différentes modalités de nouage de l’imaginaire, du symbolique incorporé et du réel de l’organisme vivant, dépendra la façon dont un sujet se construira ou pas un corps, non sans effets de déperdition de la jouissance. Le sujet n’aura de cesse ensuite de vouloir récupérer cette jouissance perdue dans les objets pulsionnels hors-corps (comme la voix) mais aussi dans « le symptôme [...] inscrit en lettres de souffrance dans la chair du sujet [5] ».
Ce recueil, le quatorzième, réunit l’ensemble des travaux des collèges, des espaces cliniques et de la Journée Nationale des Collèges Clinique du Champ Lacanien qui s’est tenue à Toulouse en mars 2014.
Remercions ici l’ensemble des auteurs, correcteurs, qui ont contribué à l’élaboration de ces textes. Puisse le lecteur y trouver motière à nourrir sa réflexion, et saisir en quoi la psychanalyse y intervient en tentant d’explorer, à partir de la clinique, comment au XXIe siècle les hommes et les femmes font semblant dans leur identité sexuelle, nouveaux symptômes à cerner, qui dans leur essence restent symptômes de corps.
Notes
Que la pulsion soit ce qui contraint chacun à se donner du mal est ce qu’a révélé Freud, en le relevant chez ceux qui s’en donnaient trop, les névrosés.
La pulsion est un concept de la psychanalyse, fondamental pour Lacan. En effet, elle ne se saisit nulle part dans la réalité de façon concrète et immédiate et jusqu’à l’hypothèse de l’inconscient elle était recouverte par le préjugé politique de l’instinct, qui avait remplacé celui de Dieu.
Pourquoi donc serait-il nécessaire de se donner la peine de l’éclairer, alors que nous avons pu jusqu’à présent nous en passer sans trop de dommage irréversible ?
Admettons que du point de vue l’irréversibilité, la réserve se justifie amplement : au regard de la mort, aussi absolument qu’indiscutablement telle, il est vrai que tout va bien encore. Mais si la question est posée du point de vue de la vie, la même remarque s’avère quelque peu irresponsable : le symptôme qui la gâche est bien irréversible aussi, et sa répétition infernale.
Ainsi, à se croire animé d’instinct ou de molécules, il n’est certes pas nécessaire de prendre en compte la pulsion ; mais à qui le symptôme fait entendre le mal qui le constitue, impossible d’en faire l’économie.
En effet, la psychanalyse seule dévoile la cause de l’échec de la sexualité à procurer satisfaction sans reste : la castration. Comme elle est un cul de sac pour la pensée - pour toute pensée, cela rend impossible de prendre la question du malheur du sexe de front. Ce dernier ne se laissant oublier pour personne, il reste à en dégager les ressorts, pour en permettre une réorganisation moins coûteuse, s’il est possible. Et ces ressorts sont les pulsions.
Ainsi, de la perversion polymorphe, pour laquelle aucun plaisir n’est mal, à la sexualité de l’adulte, la pulsion par son montage détermine autant les orientations sexuelles que les sublimations qui se réaliseront par le fantasme. Elle a valeur de fil rouge, où s’actualise réellement le sujet.
La perversion polymorphe de l’enfant, la pulsion donc, est aussi le fil rouge de ce volume. Certains textes, à travers les avatars de ses manifestations les plus concrètes, démontrent sa structure, d’une logique implacable mais nécessaire aussi à son déchiffrage, lui-même préalable à toute interprétation. D’autres textes mettent l’accent sur le désir en jeu dans l’interprétation même, car il n’est pas anodin de rendre compte du fait qu’y voir plus clair fasse de l’effet, le plus souvent agréable.
Au lecteur maintenant d’en faire l’expérience, de constater que la lecture de ce xiiie volume de la Revue des Collèges de Clinique Psychanalytique a bien pour lui cet effet de plaisir.
Reste à remercier tous ceux qui ont contribué à son élaboration, les Collèges, les auteurs et les correcteurs, ainsi que ses lecteurs à venir. D’eux tous dépend sa fonction : transmettre la découverte analytique.
Les différents articles de cette revue abordent ces questions prises dans les discours, les quatre, que Lacan considère comme les quatre modes possibles de lien social. Les symptômes étant tributaires de leur époque, nous rencontrerons des témoignages de la clinique soumise au discours capitaliste qui nous gouverne, et qui est une variante du discours du maître avec pour caractéristique de produire ségrégation et racisme ; ce qui n’élimine pas les autres discours par lesquels Lacan a défini les mathèmes des liens sociaux : discours de l’hystérie, discours de l’université, discours analytique, chacun écrivant une modalité de la jouissance collective.
Et Lacan d’affirmer qu’il ne fonde pas l’idée de discours sur l’ex-sistence de l’inconscient, mais c’est l’inconscient qu’il en situe de n’ex-sister que d’un discours. Ce qui pose la question de la manière dont les sujets s’inscrivent dans le discours établi et qui renvoie à la rencontre avec l’Autre et aux effets qui en résultent ; la place qui est faite au sujet en tant que parlêtre et celle qu’il accepte de prendre déterminent le rapport du sujet à l’Autre. Comment le sujet s’appareille à la jouissance ? Qu’en est-il de son désir ? Et que fait-il de ce reste de jouissance qui ne se parle pas, mais qui parle malgré lui, ces premiers signes d’humanité qui s’incrustent dans la chair, effets du réel de lalangue, hors sens, portés par le vivant, ces éléments de langage qui viennent de lalangue sont jouis en tant qu’objets, ce qui fait tomber la barrière langage-jouissance. L’aperçu de cet inconscient dans le parcours analytique a des conséquences sur la jouissance produisant un changement de jouissance.
Les élaborations présentées dans cette revue résultent de la rencontre entre enseignants et participants aux Collèges cliniques. Ils se réunissent pour une tache commune, libérer le savoir coincé dans la structure langagière « maître », chacun travaillant à partir de son manque dans le savoir pour produire plus de savoir. C’est le discours hystérique qui montre cet ordre de jouissance en écrivant le savoir à la place de la jouissance.
Ce numéro de la revue des « Collèges de clinique psychanalytique » se propose d'aborder la question « Qu'est-ce qui fait lien ? ». Au cœur de la clinique psychanalytique sont les liens entre les sexes, les liens sociaux et leur incidence subjective. Ces liens tiennent d'un impossible, un réel qui se nomme et qui s'agit en symptôme, fantasme, délire et quelquefois trouve des solutions d'écriture tout à fait singulières. Le réel étant ce qui est impossible à supporter pour tout sujet, il tend à une réalisation logique ou à une écriture qui réunit les corps « invisiblement ». Les différents articles de cette revue abordent ces questions prises dans les discours - les quatre -, que Lacan considère comme les quatre modes possibles de lien social. Les symptômes étant tributaires de leur époque, nous rencontrerons des témoignages de la clinique soumise au discours capitaliste qui nous gouverne, une variante du discours du maître avec, pour caractéristique, de produire ségrégation et racisme ; n'éliminant pas les autres discours par lesquels Lacan a défini les mathèmes des liens sociaux : discours de l'hystérie, de l'université, analytique, chacun écrivant une modalité de la jouissance collective. Les élaborations présentées dans cette revue résultent de la rencontre entre enseignants et participants aux « Collèges cliniques », avec pour tâche commune de libérer le savoir coincé dans la structure langagière « maître », chacun travaillant à partir de son manque dans le savoir pour produire plus de savoir. C'est le discours hystérique qui montre cet ordre de jouissance en écrivant le savoir à la place de la jouissance. Avec l'étude des références de Malaise dans la civilisation, nous verrons que Freud donne les fondements conceptuels pour aborder la question du lien social.
LACAN, tout au long de son enseignement, précise et nuance l'importance de l'affect pour l'être parlant. À la suite de FREUD, il donne un statut particulier à l'affect d'angoisse, affect fondamental qui contrairement aux autres affects, ne trompe pas sur sa cause : l'imminence du réel et l'imprévisibilité du désir de l'autre qui surprennent le sujet.
Avec ce thème, « Ce qui nous affecte », l'accent est porté d'emblée sur la distinction à faire entre, ce qui affecte, le langage, et ce qui est affecté, le corps. L'affect est un effet : celui de l'incorporation de la structure du langage, dès les premiers ancrages langagiers de jouissance dans la lalangue maternelle.
Sont examinés ici, les modalités et les limites de cette incorporation, notamment dans la psychose ou dans les expériences de jouissance féminine. L'affect y est envisagé dans son ancrage pulsionnel (sur l'axe satisfaction/insatisfaction), dans le lien au désir de l'Autre (assujettissement ou séparation), dans sa dérive signifiante (glissant de représentation en représentation, il trompe sur sa cause) et dans son rapport au réel.
Est questionnée l'apparition des affects propres à la situation analytique, ceux liés au transfert et au savoir insu de lalangue. Les affects, soumis à l'éthique du bien-dire, se modifient au cours et jusqu'en fin d'analyse et sont transmis dans la passe.
La répétition et le transfert - la transposition d'éléments symboliques constituent les mythes (Orphée, Oedipe et bien d'autres) qui animent nos cultures selon Lévi-Strauss. Kierkegaard, lui, fait de la répétition un objet d'interrogation philosophique. Et Freud la rencontre avec le transfert dans le champ analytique dès sa constitution. Elle a une importance majeure, avec son rapport au traumatisme, dans le tournant théorique des années vingt qui tire les conséquences de la clinique de la première guerre mondiale. Lacan, lui, souligne le statut de concepts fondamentaux de la psychanalyse de la répétition et du transfert à l'instar de l'inconscient et de la pulsion. Cette revue recueille les enseignements et les débats des Collèges de clinique psychanalytique du Champ lacanien de France autour du thème " la répétition à l'épreuve du transfert". On y lira comment les auteurs répondent aux questions qu'implique ce thème :
Contrairement à la nomenclature d'aujourd'hui du DSM où la dépression est devenue un signifiant à tout nommer, ni la psychiatrie, ni la psychanalyse n'en ont fait un terme de structure. La psychologie a repris à son compte ce terme que le discours médical avait lui-même emprunté au latin au XIV siècle désignant « affaissement, enfoncement ».
Avec la naissance de la psychanalyse, dès 1895, Freud définit les états dépressifs comme une « perte de libido » qu'il repère dans les situations de deuil et dans la mélancolie. Cette perte de libido est liée à la perte d'un objet qui concerne aussi bien l'objet aimé, que la perte d'un idéal ou une perte méconnue que le sujet éternisera dans sa plainte ou dans sa litanie mélancolique.
Lacan poursuivant le travail de Freud, cerne la perte originelle que le petit d'homme rencontre dès son entrée dans le langage. Son « insatisfaction générique » (Colette Soler) est inhérente à la condition d'être parlant.
Le fondement de la clinique psychanalytique repose précisément sur l'écoute et le recueil de ces dits déprimés et se doit de s'orienter dans la structure, au cas par cas, jusqu'au dire de cette perte inaugurale.
La tristesse qui accompagne à l'occasion « Lesdits déprimés », Lacan la qualifie de « faute morale » en opposition au « gay sçavoir » qui serait lui une vertu, en référence à l'éthique chrétienne. Mais si la vertu n'absout aucun pêché, la faute morale est bien un pêché, une lâcheté morale face au « devoir de bien dire ou de s'y retrouver dans l'inconscient, dans la structure». Quant à la vertu du gay sçavoir, elle consiste « non pas à comprendre, piquer dans le sens, mais le raser d'aussi près qu'il se peut sans qu'il fasse glu pour cette vertu, pour cela jouir du déchiffrage.»
Ainsi la psychanalyse se définit comme l'éthique du bien dire, un bien dire sur la perte d'objet ou sur son vide, qui témoigne de la jouissance du sujet déprimé.
Les Collèges de clinique psychanalytique, puisque c'est ainsi qu'ils se nomment désormais, ont peut-être plus que tout autre vocation à relever le défi quant aux diagnostics si confus de notre psychiatrie moderne, qui se cantonne aujourd'hui, à repérer les symptômes, selon des critères préétablis, de « dépression moyennement modérée ou morbide ».
La clinique psychanalytique vise le Réel, et conduit nécessairement les analystes à s'interroger sur ces dits déprimés, qui pris dans le discours courant, n'en masquent pas moins ce Réel, qui fonde son éthique.
L'élaboration des textes de ce numéro 9 de notre Revue Nationale des Collèges de clinique psychanalytique reflète le dynamisme de nos Formations cliniques du Champ lacanien en articulant sa recherche théorique à la clinique de notre monde contemporain.
Ainsi vous trouverez successivement les fondements historiques et théoriques de la dépression, ses références philosophiques, mais aussi sa singularité clinique, les affects qu'elle mobilise et pour terminer, les différents abords de la mélancolie, sans oublier les productions artistiques et littéraires qu'elle peut inspirer.
Nous remercions chaque auteur de cette revue, pour son engagement dans ce pari qui ne peut être qu'enseignant pour tout clinicien qui consent à interroger au-delà des symptômes de la dite dépression.
Cette revue nous porte au coeur du concept qui structure le champ de l'expérience analytique : das Unbewußte . À l'écoute de ce qui rêve, de ce qui rate, de ce qui rit, Sigmund Freud découvre, voilà plus d'un siècle, l'inconscient.
Mais l'inconscient, keske C ? Pour Freud, c'est une hypothèse, une supposition, qu'on ne peut réduire à ses manifestations. Il faudra l'enseignement de Jacques Lacan pour dégager l'inconscient de sa caractéristique négative et prendre la mesure de cette nouveauté sans précédent.
À nommer une aporie, Freud pose ce geste inouï qui donne à la clinique son orientation éthique. En écoutant les hystériques, il découvre qu'il y a des symptômes qui tiennent à l'implication de l'organisme humain dans le rapport du sujet au langage. Par la logique du signifiant, Lacan s'attache à remettre Freud sur pied et donne à la technique freudienne du déchiffrage sa fondation : « L'inconscient est structuré comme un langage. »
Freud a posé d'emblée que, s'il relève de l'écrit, l'inconscient, n'en déplaise à la neurobiologie, n'est pas réductible à un système de traces, de souvenirs. De se nouer avec le réel et avec le corps, tout ce que chiffre l'inconscient n'est pas lisible. Ainsi Lacan ajoutera-t-il à son aphorisme une réserve. Si l'inconscient s'interroge comme du savoir, c'est un savoir impossible à rejoindre, l'effet de sens obtenu ne résorbant pas la part de non-sens qui subsiste. Au fur et à mesure que Lacan conceptualise l'invention freudienne, il propose de nouvelles définitions de l'inconscient : le discours de l'Autre, la vérité, le non-réalisé, le parlêtre, l'insu, l'une-bévue, etc., qui sont autant de mises en échec d'une conception de l'inconscient comme réservoir de sens.
L'inconscient se construit autour d'un trou, le refoulement originaire ; l'ombilic est ce point où le rêve est le plus près de l'Unerkannte, le non-reconnu, ce qui ne peut ni se dire ni s'écrire, ce point d'opacité qui ne peut en aucun cas être dit et qui est à l'origine du langage. Le traitement (refoulement, démenti ou rejet) de ce point de forclusion structurale détermine les modes d'assujettissement (névrose, perversion ou psychose) à la structure.
Ce qui crée la structure, c'est la manière dont le langage émerge au départ chez un être humain. La façon qu'a eue le sujet de se laisser imprégner par le langage, ce qu'il s'est laissé suggérer par la langue qu'il a apprise à parler, induit dès le départ un rapport entre les mots et le corps. Si l'inconscient est un savoir-faire avec « lalangue », ce qui dans le langage n'est pas réductible à la communication, le terme d'une cure analytique ne saurait donc se confondre avec l'épuisement de son déchiffrage mais serait plutôt de l'ordre d'une identification à sa part de réel irréductible.
Voilà le parcours que les articles qui suivent nous invitent à faire. Chacun des auteurs y témoigne de l'inouï de la découverte freudienne et de la tâche qu'il revient à chaque psychanalyste de soutenir. Christian Demoulin en témoigne ici une dernière fois.
Nous lirons en effet l'article que, malgré la maladie, il avait bien voulu nous confier quelques mois avant son décès le 16 septembre 2008. Son implication jamais démentie dans la transmission de la psychanalyse et dans les Formations cliniques du champ lacanien, son énonciation, son style nous manqueront.
Trauma et fantasme sont deux concepts psychanalytiques majeurs, fondateurs. Mais leur succès public et leur passage au discours courant les ont fort malencontreusement dénaturés. Un des slogans libertaires de mai 68, inspiré librement de Wilhelm Reich, ne nous invitait-il pas à vivre nos fantasmes ? Nombreux sont ceux qui, depuis, se sont mis en tête de les réaliser pleinement, et tout aussi nombreux ceux qui viennent se plaindre à nous, psychanalystes, de ne pouvoir atteindre cet idéal de sujet moderne accompli. Heureusement, aurions-nous envie de leur dire ! Quant au « trauma », effacé derrière le « traumatisme », il est devenu synonyme d'événement objectivement dommageable, censé affecter tout un chacun pareillement et relever d'un traitement psychologique d'urgence. Il est donc temps de rappeler que la psychanalyse est une affaire privée qui, supposant et impliquant le voile de l'inconscient, s'intéresse à la mise au jour d'une vérité subjective, et de vérifier la pertinence de ces deux concepts dans l'actualité de notre pratique.
Vous aurez remarqué que nous les avons reliés d'un et, et non pas d'un ou. Freud n'a en effet jamais, comme on le dit souvent de façon hâtive et erronée, abandonné le trauma pour le fantasme. S'il a d'abord déplacé l'accent du trauma au fantasme œdipien, de la séduction réelle à la séduction imaginée pour rendre compte de l'origine des psychonévroses, il n'a pas abandonné l'idée du trauma originel et c'est à lui qu'il revient encore dans son ouvrage ultime, L'Homme Moïse et la religion monothéiste [1]. Le trauma est d'origine, il peut se réduire à la transgression des deux interdits fondamentaux de l'inceste et du parricide, il est toujours sexuel puisque libidinal, il ne se déduit qu'après coup et relève, comme la cure analytique, d'une logique rétroactive. Que le trauma soit d'origine, voilà ce dont Ferenczi et Rank [2] se sont saisi, mais confondant roman, mythe et réalité, ils le tiennent tous deux pour une nécessité non pas logique mais réelle, au sens du "pour de vrai"de la réalité objective.
Le trauma freudien de la deuxième topique n'est pas celui de la première. Pas plus que le fantasme qui, dans sa deuxième version, n'est plus seulement imaginé, imaginaire, banalement œdipien, mais aussi et surtout langagier. C'est un énoncé du type : « On bat un enfant ». C'est sur cet aspect langagier que Lacan insiste. Et poursuivant avec Freud et au-delà de Freud, il situe le trauma originel dans le langage. Au commencement est le langage avec ses dits et ses inter-dits, comme il se plaît à l'écrire, où vient justement se loger le trauma originel, entre les dits, dans l'espace blanc, dans le trou. Trou dont Lacan ne s'est pas privé de décliner les différentes occurrences : trous du corps dont s'origine la pulsion, trou laissé par l'objet toujours déjà perdu, trou dans le réel, béance de la jouissance. "Troumatisme"qui oblige chacun à inventer quelque chose de singulier pour le masquer, pour s'en déprendre. Cette invention est un montage signifiant ; on l'appellera fantasme dans les cas de névrose où le sujet désirant divisé par la castration doit s'appareiller d'un objet pour s'assurer d'une certaine stabilité, mais au prix d'un symptôme ; on l'appellera métaphore délirante dans les cas de psychose déclenchée.
Pour le fantasme, Lacan en propose aussi « La logique... » [3], précise qu'il est pour lui la voie d'entrée dans ce qu'il appelle le réel, et que dans sa forme fondamentale, il se construit tout au long de la cure.
Trauma, fantasme, symptôme et acte analytiques, telle est la chaîne conceptuelle à laquelle le thème de notre année nous convie, tel est le fil que chacun des auteurs des textes que vous pourrez lire dans ce numéro a déroulé à sa façon [4].
Que certains ne veuillent rien savoir de l'inconscient traduit la résistance à la psychanalyse et lui promet un retour bien réel sous diverses formes dans les moindres interstices du tissu social, car l'inconscient surgit toujours là où il n'est pas attendu, comme dans le lapsus, le rêve, l'acte manqué et le mot d'esprit.
N'est-ce pas ainsi que Freud l'a découvert nous laissant en héritage la psychanalyse, qu'il a inventée en écoutant les hystériques qui se trouvaient au ban de la médecine traditionnelle de l'époque ?
Si « la névrose est une langue » il lui fallait un interprète, et Freud a su l'incarner, lui qui, jusqu'à la fin de sa vie, a mis à l'épreuve son désir de savoir.
Lacan reprendra la théorie là où le père de la psychanalyse l'avait laissée. Sur l'échelle névrotique, il situe l'hystérie comme « la plus primaire » en raison de sa « structure synchronique et constituante du désir » celle sur laquelle s'édifient les constructions de la névrose obsessionnelle, ce qui indique bien la répartition de ces deux névroses.
Là où d'autres parlent d'harmoniser le sujet pour mieux l'adapter à notre monde contemporain, la clinique psychanalytique met en évidence la singularité de chaque cas.
En 1932, Freud retrace ainsi son parcours : « A partir du symptôme nous fûmes conduits vers l'inconscient, vers la vie pulsionnelle, vers la sexualité. » Le fil rouge du symptôme court ainsi tout au long du développement théorique de la psychanalyse de Freud à Lacan.
Équivalent au retour du refoulé et articulé au fantasme, le symptôme « réédité, revu et corrigé » dans le transfert peut livrer ses diverses surdéterminations inconscientes, ce déchiffrage ayant une valeur thérapeutique. Freud y lit la rhétorique de l'inconscient où Lacan relève la logique du signifiant. Et on pourra lire dans ce numéro l'étude des références du Séminaire V de Jacques Lacan Les formations de l'inconscient où il déplie cette logique.
Mais cette clinique du déchiffrage comporte une butée : la fonction de jouissance du symptôme qui se marque dans la répétition pulsionnelle. Lacan y repère la valeur réelle du symptôme.
Il repère aussi sa valeur de suppléance face à l'absence de rapport sexuel - lecture lacanienne du complexe de castration freudien. D'où la fonction de symptôme que peut prendre une femme pour un homme.
Si, reprenant Marx, Lacan assigne une valeur de vérité au symptôme, la face signifiante et la face réelle du symptôme l'amènent ultérieurement à lui donner un statut de lettre qui inscrit la relation singulière du sujet au Réel. D'où la fonction de suppléance que peut quelque fois prendre l'écriture pour certains sujets. La logique du signifiant met en perspective la clinique : découpe du corps par le langage dans l'hystérie, « cisaille qui vient à l'âme avec le symptôme obsessionnel : pensée dont l'âme s'embarrasse, ne sait que faire », forclusion du Nom-du-Père, désaveu de la castration et son trophée-signe, le trait de perversion.
Si « l'inconscient c'est la politique » (Lacan), le symptôme et son traitement ont une incidence politique dont on pourra lire l'étude dans ce numéro qui jette un éclairage sur le relief de la clinique, en ces temps où l'on essaie de l'abraser.
L'hystérique a poussé Freud à inventer la psychanalyse. En avance sur son temps, elle fait « l'air du temps » et, entre refus et révolte, inscrit les transformations, les mutations sociales. La clinique de l'hystérie a donc évolué, comme les qualificatifs successifs que Lacan lui a attribués le signalent : « logicienne, industrieuse, objet précieux, pas femme, qui fait l'homme ». Nous avons fait le pari de la dire « convertible » et même « reconvertible », selon ce trajet qui va du symptôme comme événement de corps au refus du corps et au discours : enjeux de désir. Ce passage au discours va avec l'inscription d'une dimension de jouissance. Le champ de la jouissance, Champ lacanien, reste à construire. Les débuts de cette construction passent par la déconstruction de celle de Freud, nommément sur la question du père et de l'Œdipe et se concluent par une doctrine neuve de la castration. Le travail d'une année des 5 Collèges cliniques et Groupes d'études du Champ lacanien a apporté quelques pierres à cette construction. Les textes que vous pourrez lire dans ce numéro de la revue en témoignent à travers le travail clinique et les réflexions théoriques qui tentent d'articuler l'inconscient et les jouissances. I ! s'agit en effet de rendre compte des transformations de la clinique que la prise en compte de la dit-mension de Réel implique.
Ce numéro de la revue des Collèges cliniques se propose d'aborder la question de la pulsion dans la clinique, soit de la prendre au sérieux. Le sérieux est un effet de la série. C'est ce que l'on pourra vérifier à partir des textes, en les prenant un par un, car chacun témoigne d'un résultat d'élaboration, certes singulier, mais qui tient compte, en même temps, d'une élaboration collective. En effet, tout au long de l'année 2001-2002, dans chacun des cinq Collèges cliniques de France, mais aussi lors des Journées nationales de Paris réunissant l'ensemble des enseignants et des participants aux Collèges, le thème est abordé sous ses multiples facettes. Ce travail d'ensemble porte ses fruits : une perspective se dégage, visible dans les points de convergence que l'on pourra remarquer dans ce numéro. Il a donc fallu faire une mise à jour de l'enseignement de Lacan autour de ce concept pour aborder le programme qu'il trace pour la psychanalyse dès 1964, à savoir comment le sujet vit la pulsion après une analyse menée à son terme. Explorer la clinique des pulsions, c'est justement explorer les conditions de satisfaction du sujet, ainsi que les changements analytiques possibles et déterminer si les effets en sont transitoires ou définitifs. C'est pourquoi le concept de pulsion est plus dérangeant que celui d'inconscient. Il fallait oser I En effet, qui prétend, en dehors des analystes lacaniens, qu'un sujet peut changer son rapport, toujours singulier, à la jouissance ? Enfin, dans ce numéro, l'étude des références du Séminaire XI de Jacques Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, permet de saisir le fonds culturel sur lequel la pulsion peut être conceptualisée.
Comme l'écrit Michel Silvestre, dans l'article inédit que vous pourrez lire dans ce premier numéro de la revue des Collèges Cliniques du Champ Lacanien : "Si nous pouvons (...) conjoindre clinique et structure, c'est parce que la structure, au sens lacanien, est (...) une structure souple et que l'on pourrait dire pleine de vide". Mais ce vide de la structure n'est pas rien puisqu'il est condition du sujet. Les Collèges Cliniques du Champ Lacanien ont été créés en 1998 sous forme d'unités régionales. Ils se consacrent à l'étude et à l'enseignement de la clinique psychanalytique telle que Freud puis Lacan l'ont conceptualisée. Leurs enseignements développent quatre dispositifs : lecture des textes psychanalytiques en privilégiant ceux de Freud et de Lacan, présentations cliniques, exposés de cas, cours et séminaires des enseignants sur un thème particulier. Le premier numéro de leur Revue Nationale consacré à la question de l'Angoisse rassemble une sélection de leurs travaux de l'année 2000-2001 qui précisent le repérage de cet affect qui "ne trompe pas" et qui "n'est pas sans objet" ; un texte inédit de Michel Silvestre sur la structure lacanienne de la névrose obsessionnelle ; des textes venus de collègues étrangers ; un éclairage philosophique de la notion d'angoisse ; et enfin une présentation raisonnée des références bibliographiques du séminaire l'Angoisse de Lacan (1962-1963). Nous souhaitons offrir, avec cette revue, un outil de travail rigoureux pour les praticiens soucieux de clinique psychanalytique.