Thème de l'année
par Geneviève Lacombe
Et le réel, c’est ça qui implique la répétition !
L’expression « face » aux symptômes, sous-entend le rapport de force. Freud, le premier, utilise un vocabulaire guerrier, dans « Remémoration, répétition et perlaboration », signifiant que nous sommes devant un conflit : « …combat permanent avec le patient afin de retenir dans le domaine psychique toutes les impulsions que celui-ci voudrait orienter vers la motricité… le malade va chercher dans l’arsenal du passé les armes avec lesquelles il se défend de la poursuite de la cure et que nous devons lui arracher pièce par pièce ».
Le transfert [qui n’est lui-même qu’un fragment de répétition (…) la répétition [étant] le transfert du passé oublié, non seulement sur le médecin mais également sur tous les autres domaines de la situation présente], le transfert donc présente d’abord une face de coopération à laquelle succède la face de résistance…
Entre le transfert, opérateur de la cure, et la résistance du symptôme qui — comme Lacan l’a souligné — n’est pas uniquement l’expression de chaînes signifiantes refoulées, il y a une part de réel.
Chez Freud, la névrose de transfert c’est la mise en scène d’une situation de combat.
Avec Lacan, qui a d’abord suivi Freud, l’inconscient ce n’est pas la répétition. Pour lui, la répétition ne se déchiffre pas. Ce qui vient résister c’est la jouissance, au-delà du principe de plaisir. Ce qui oppose une résistance au transfert c’est la pulsion, pulsion de mort.
Dans L’envers de la psychanalyse, Lacan situe le point de rebroussement de la conceptualisation freudienne sur le transfert et la névrose de transfert, au moment où Freud introduit l’au-delà du principe de plaisir, que Lacan nomme « jouissance ».
Si le transfert ne vient pas à bout du réel du symptôme, que faisons-nous de ce reste inassimilable qui continue à produire ses effets dans la cure ?
La question se pose pour tout analyste… qu’en faisons-nous de ce reste ?
La réponse lacanienne c’est l’identification au symptôme en fin d’analyse. Cette identification au symptôme c’est l’identité singulière du sujet.
Freud avait ouvert la voie à Lacan : La maladie elle-même ne doit plus être pour lui quelque chose de méprisable, mais devenir bien plutôt un adversaire digne de ce nom, un morceau de son être qui s’appuie sur de bons motifs et dont il s’agit de tirer quelque chose de précieux pour sa vie ultérieure.