Thème de l’année
par Jean Jacques Gorog
Nous avions proposé cette année ce titre : cas d'urgence, et, précisons-le, avant que le confinement ne nous mette dans cette situation nouvelle et étrange où nous nous retrouvons envahis par une sorte d'urgence permanente.
C'est un mot de Lacan[1] qui va contre quelques idées reçues sur lui et sur la psychanalyse, selon laquelle l'urgence n'entrerait pas dans notre champ.
À cela s'ajoute l'énoncé que la guérison vient de surcroît dans la psychanalyse. Là encore un malentendu s’est profilé qui, ajouté à la longueur des cures, vient établir une croyance dans l’incapacité à guérir, ce que ni Freud, ni Lacan n’ont jamais énoncé. En tout cas et même si Lacan persistera jusqu’au bout à parler de cure analytique, confirmant par-là l’implication dans le soin, la durée même des cures semble s’inscrire contre l’urgence. Semble seulement. En effet la rencontre avec la psychanalyse, la demande d’analyse, se présente en règle comme une urgence. C’est un fait. Même s’il faut le temps, tout le temps d’une cure, il s’agit de résoudre ce qui se présentait au départ comme urgence. Ceci n’empêche pas la psychanalyse de ne pas nous protéger des événements de la vie et d’autres urgences qui peuvent surgir à tout instant. Irions-nous jusqu’à dire que l’urgence ne cesse pas de nous interpeler ?
Le confinement analytique semblait ignorer l’urgence. C’est à l’évidence un préjugé et l’enseignement proposé cette année se chargera de le démentir en examinant les différentes occurrences du rapport au temps dans l’analyse, celui du départ comme celui de la fin, les réponses aux urgences subjectives, moments cruciaux qui ne se mesurent pas à l’aune d’une norme figée mais demandent à être examinés cas d’urgence par cas d’urgence.